C’est une étape inéluctable de la vie d’une femme. La ménopause est un phénomène physiologique naturel qui survient généralement entre 45 et 55 ans (51 ans en moyenne) et se traduit par l’arrêt définitif des règles et la perte de la fertilité. La fonction reproductive n’est toutefois pas la seule touchée: la ménopause est un bouleversement hormonal qui provoque ou favorise des troubles touchant l’ensemble de l’organisme.
Que peut-il se passer dans le corps d’une femme pendant cette période si particulière de la vie? À quoi sont dus ces changements?
Bien sûr, il est extrêmement rare qu’une femme connaisse tous les symptômes décrits plus bas et surtout, ces derniers n’apparaissent pas de manière simultanée: tout cela se déroule sur des années, avec des degrés de sévérité propres à chaque personne. Par ailleurs, nombreuses sont les femmes ménopausées qui ne connaissent aucun de ces désagréments, à court terme. Pour les autres, il existe des solutions pour les atténuer.
À quoi sont dus ces changements ?
La ménopause s’installe lorsque le nombre de follicules ovariens est inférieur à 1000. La ménopause est déclenchée par l’épuisement de la réserve de follicules ovariens. Ces derniers sont des petits sacs contenant chacun un ovocyte (ovule immature) et sont stockés dans les ovaires situés de chaque côté de l’utérus. À la naissance, une petite fille possède environ 1 million d’ovocytes. Ce stock diminue progressivement tout au long de la vie: la majeure partie des ovocytes est détruite sous l’effet de l’apoptose (mort cellulaire programmée), l’autre (400 à 500 ovules) est libérée chaque mois tout au long de la période reproductive.
La ménopause s’installe lorsque le nombre de follicules ovariens est inférieur à 1000. À ce moment-là, les ovaires vont complètement arrêter de fabriquer des œstrogènes. Ces hormones sont responsables, entre autres, de la maturation des ovocytes et de l’épaississement de la muqueuse utérine (l’endomètre) en vue d’une potentielle grossesse. Lorsque leur taux chute, l’endomètre cesse de s’épaissir chaque mois: c’est l’arrêt des règles. Après douze mois sans saignements, la ménopause est confirmée.
Ce phénomène ne survient pas brutalement: il passe par une période de transition, la périménopause, qui s’étend généralement sur plusieurs années (un à huit ans). Pendant cette période, les ovaires connaissent leurs premiers dérèglements mais ils produisent encore des œstrogènes. L’ovulation et les règles peuvent devenir très irrégulières, le syndrome prémenstruel peut s’accentuer ou apparaître (prise de poids, gonflement abdominal, seins douloureux, irritabilité...), parfois accompagné de bouffées de chaleur et de suées nocturnes. La périménopause se termine avec l’arrêt définitif des règles.
Quels sont les impacts de ces modifications hormonales ?
Les œstrogènes jouent un rôle dans le mécanisme par lequel l’organisme maintient sa température constante.
Les conséquences de l’arrêt de la production d’œstrogènes sont nombreuses. Les plus connues sont les bouffées de chaleur: elles concernent environ 80% des femmes ménopausées. Il s’agit d’une sensation soudaine de chaleur qui débute généralement au niveau du buste et du visage et qui se généralise rapidement, amenant avec elle transpiration, palpitations, frissons et anxiété. Elles durent quelques minutes et peuvent survenir plusieurs fois par jour. Cela s’explique par le fait que les œstrogènes jouent un rôle dans le mécanisme par lequel l’organisme maintient sa température constante. Leur absence perturbe donc ce processus. Dans la majorité des cas, les bouffées de chaleur persisteront pendant plus d’un an, mais elles peuvent durer jusqu’à 5 ou 10 ans.
On peut également citer les sueurs nocturnes, les insomnies, les douleurs articulaires et les troubles génito-urinaires (incontinence, infections urinaires, troubles sexuels). Ces derniers touchent environ deux tiers des femmes, à des degrés divers. Leur fréquence s’explique par le fait que le vagin, l’utérus et la vessie sont très sensibles aux œstrogènes. En leur absence, ces trois organes perdent leur souplesse et leur tonicité. La vulve et le vagin s’atrophient, les muqueuses s’assèchent et la flore vaginale s’altère, provoquant une plus grande vulnérabilité aux infections. Ces symptômes peuvent être transitoires ou plus durables.
L’aspect corporel et l’humeur touchés
La ménopause a également des effets sur la forme du corps. Les mamelons diminuent de taille et perdent leur pouvoir érectile, les seins se transforment et deviennent essentiellement constitués de graisse. C’est également une période où une prise de poids survient, pour plusieurs dont l’une est liée à la carence en œstrogènes: leur absence entraîne une augmentation du nombre et de la taille des cellules graisseuses au niveau de l’abdomen.
La peau se modifie aussi. C’est en effet l’organe qui, après l’utérus, est le plus sensible aux œstrogènes, en particulier au niveau du visage. Le déficit en œstrogènes va accentuer le vieillissement cutané par assèchement et amincissement de la peau, perte d’élasticité et accentuation des rides. La pilosité et la chevelure ne sont pas non plus épargnées. Les cheveux deviennent cassants, leur densité diminue, parfois jusqu’à l’alopécie. De même la pilosité pubienne et celle au niveau des aisselles se raréfient. En revanche, une pilosité au niveau de la lèvre supérieure et sur les joues peut faire son apparition.
Le déficit en œstrogènes va accentuer le vieillissement cutané par assèchement et amincissement de la peau, perte d’élasticité et accentuation des rides.
L’humeur peut aussi être affectée par l’arrivée de la ménopause. Les hormones sexuelles ont en effet la capacité d’agir sur des régions cérébrales impliquées dans le contrôle des émotions et du comportement. Troubles de l’émotivité, anxiété, irritabilité, fatigue ou encore dépression concernent 40% des femmes ménopausées. Par ailleurs, les œstrogènes ont un effet neuroprotecteur. Leur absence a donc un impact sur les performances cognitives et favorise le déclin cognitif.
Quant à la sexualité, la ménopause ne l’empêche pas mais elle peut la perturber. Chez certaines femmes, elle peut par exemple induire ou accentuer des troubles et provoquer une baisse de libido. La carence oestrogénique peut notamment diminuer la sensibilité du clitoris ou au contraire l’augmenter à outrance. La sécheresse vaginale et la dyspareunie qui en découle peuvent rendre difficiles les rapports. Enfin, les troubles urinaires comme l’incontinence peuvent motiver l’évitement des relations.
Et les conséquences à long terme?
Les œstrogènes interviennent aussi dans la minéralisation osseuse, le métabolisme ou encore la santé cardiovasculaire.
Les œstrogènes n’ont pas qu’un rôle dans la reproduction. Ils interviennent aussi dans la minéralisation osseuse, le métabolisme ou encore la santé cardiovasculaire. Pour cette raison, leur déficit peut être associé à des maladies potentiellement graves. L’ostéoporose, par exemple, est une complication redoutable de la ménopause. Elle est deux à trois plus fréquente chez les femmes ménopausées que chez les hommes, à âge égal. Ce phénomène physiologique lié au vieillissement est accéléré par l’arrêt du fonctionnement ovarien. Il se manifeste par des tassements vertébraux et la survenue de fractures spontanées, notamment au niveau du poignet. L’œstradiol, une hormone appartenant à la famille des œstrogènes, a au contraire un effet protecteur: il favorise l’absorption de calcium au niveau des intestins et agit directement au niveau des os.
L’arrêt de la production d’œstrogènes est également un facteur de risque de maladies cardiovasculaires. Ces hormones jouent en effet un rôle au niveau du métabolisme des lipides et de l’insuline, et elles agissent au niveau des parois vasculaires. Faute d’œstrogènes, les artères deviennent plus rigides, ce qui favorise l’athérosclérose, le cholestérol et les graisses augmentent.