C'est plus qu’une mode: les liens entre la santé et l’exercice physique continuent de passionner médecins et chercheurs. Les résultats et les conclusions s’accumulent et convergent. Le sport aide à garder la santé.
C’est si vrai qu’en France l’Académie nationale de médecine a placé la barre plus haut que jamais: elle recommande que l’activité sportive puisse désormais être prescrite sur ordonnance médicale; et que le cas échéant elle puisse être prise en charge par la collectivité au même titre que d’autres médications préventives. A première vue, l’affaire pourrait sembler baroque. A la réflexion, elle peut apparaître pleinement crédible. Reste à parvenir à démontrer pourquoi la collectivité devrait rembourser les exercices physiques. Rien de plus simple, dira-t-on, que d’user de son corps pour rester en bonne santé. Certes. Mais en pratique chacun sait que ce n’est pas toujours aussi simple.
Parce qu’elle correspond à de nombreux bouleversements, la ménopause constitue bel et bien une nouvelle étape de la vie des femmes. Du fait du bouleversement hormonal, cette étape est aussi directement ou non associée à un risque accru de maladie cardiovasculaire.
Des chercheurs travaillant sous l’égide de la North American Menopause Society (NAMS) ont à partir de 1995 cherché à savoir si, chez les femmes concernées, une activité physique était de nature à améliorer les paramètres biologiques prédictifs. Ils ont pour cela évalué (chez une cohorte de femmes pré et post-ménopausées) les niveaux d'activité physique habituelle et leur effet sur les facteurs de risque cardiovasculaire. Leurs conclusions ont été publiées dans Menopause, la revue de la NAMS.
Les auteurs assurent qu’à partir de 6.000 pas par jour (le lieu, le rythme ou l’objet importent peu) les femmes ménopausées réduisent notablement leur risque de diabète et de syndrome métabolique.
Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont enquêté auprès de 292 femmes brésiliennes, âgées de 45 ans à 72 ans. Leur âge moyen était de 57 ans. Ces femmes (qui vivent dans la ville de Passo Fundo) ont accepté de porter des podomètres et ont ainsi pu enregistrer fidèlement leur activité quotidienne. Parallèlement, différents paramètres biologiques ont été mesurés chez ces femmes (glycémie, taux de cholestérol, indice de masse corporelle [IMC], tour de hanches etc.). Les auteurs considéraient a priori comme «actives» celles qui faisaient 6.000 pas par jour ou plus.
En moyenne, une femme ménopausée fait (du moins sur la base de cette étude) 5.250 pas chaque jour, avec des extrêmes allant de 1.570 à 9.056 pas. Les auteurs concluent à une «association inverse significative» entre l'activité physique (le nombre de pas) et l’IMC, le tour de taille ou encore le rapport taille-hanches.
En d’autres termes, les femmes considérées comme «inactives» présentent un risque double de surpoids/obésité et un risque, bien plus élevé encore, de tour de taille supérieur à 88 cm. Ces résultats sont obtenus en tenant compte des variations dues à l'âge, au stade de la ménopause, au tabagisme et à l'hormonothérapie de substitution. Les femmes dites «inactives» présentent également un risque près de trois fois plus élevé de diabète et de syndrome métabolique.
A l’inverse, les femmes dites «actives» s’avèrent donc moins susceptibles que les autres d’être obèses, de souffrir d’un syndrome métabolique ou d’un diabète et ce qu’elles soient pré ou post-ménopausées. Les auteurs peuvent ainsi écrire, que pour femmes d'âge mûr, la santé commence à partir de 6.000 pas chaque jour.
«Le sport doit faire partie des prescriptions au cabinet médical, au même titre que les antibiotiques, l’aspirine ou les antidépresseurs», affirme un tout récent rapport de l’Académie nationale française de médecine.
Cette dernière fait valoir que des publications de plus en plus nombreuses viennent confirmer que pratiquer des activités physiques et sportives (APS) tout au long de la vie augmente l’espérance de vie en bonne santé, retarde la dépendance, et constitue un complément thérapeutique efficace en luttant contre la sédentarité pour de nombreuses affections comme l’obésité et bien d’autres encore, sans oublier la prise en charge des sujets en situation d’handicap. L’étude menée au Brésil montre que ce message de bons sens (mais pourtant si difficile à entendre) vaut sous toutes les latitudes.